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21 mai 2014 3 21 /05 /mai /2014 12:38

 

Au Mali, de nombreuses anomalies techniques surviennent à l’issue de la construction des forages. Une situation qui serait due selon les techniciens, à l’absence de réglementions en la matière  et au manque d’encadrement des acteurs.

 

 

Le bilan global des aquifères calculé suite à plusieurs simulations, et selon différents modèles effectués lors de l’élaboration du document « Synthèse Hydrogéologique du Mali, donne une recharge moyenne par infiltration de pluie d’environ 65 milliards de mètre cube par an et une recharge d’environ 1,6 milliards de mètre cube par an par les eaux de surface.

 

Seulement 200 à 250 millions de mètres cube de ses eaux souterraines sont exploités par an, soit à peine 0,5 % et ceci sans compter les réserves des aquifères qui sont de l’ordre de 2 700 milliards de mètres cube. Les eaux souterraines sont exploitées au Mali surtout à travers les puits ou forage. Le forage est un puits creusé par un procédé mécanique à moteur (foreuse) en terrain consolidé ou non, pour tous usages sauf pour les ouvrages de reconnaissance ou d’observation (on parle alors de sondage). Selon Jean Firmin Dena , « Il s’agit d’un trou cylindrique qu’on creuse dans le sol pour recouper des venues d’eau ».

 

Les forages sont de plus en plus utilisés pour obtenir de l’eau potable, propre à la consommation humaine et animale. Cependant l’eau provenant de ces puits n’est pas toujours potable dans la mesure où très souvent les différentes étapes de processus de foration ne sont pas respectées. D’abord, la prospection, conduite par l’ingénieur hydrogéologue, doit se baser sur les connaissances acquises dans la région (nature du sol, points d’eau), des photographies aériennes (alignements traduisant des fractures), et surtout des études géophysiques (mesures de la conductivité du sous-sol par sondages électriques).

 

Selon Modibo Diall, ingénieur géologue au bureau d’ingénieurs conseil et développement (BICD), « Il est indispensable de faire au préalable une étude géophysique qui permet de trouver les bons points d’eau, de détecter les fissures dans le sous-sol. Souvent ces fissures ne contiennent pas d’eau. Cela dépend de la pluviométrie de la zone où le forage sera creusé».

 

Ces mesures sont indispensables pour choisir l’implantation et éviter des forages négatifs. Leur coût représente 10 % du coût du forage. Un forage est dit négatif lorsque le débit de l’eau n’atteint pas 1 mètre cube par heure.

« A la fin de la construction du forage (foration), il est impératif de faire des analyses de l’eau et des analyses physico-chimiques et bactériologiques afin de déterminer la potabilité ou non de l’eau de forage », souligne Jean Firmin Dena géologue à la direction nationale de l’hydraulique (DNH) au Mali. L’entretien, qui ne concerne pas seulement les pompes, doit également être une réalité chez l’exploitant, car le vieillissement est inéluctable. Le couple entretien-réhabilitation permet de faire vivre les forages et d’éviter la construction de nouveaux forages à grands frais. Au Mali, de nombreux opérateurs économiques s’adonnent à cette activité sans forcément posséder toutes les compétences scientifiques requises.

 

« Il faut une réglementation du secteur du forage au Mali, par exemple octroyer des autorisations et permis pour creuser des forages après des études préalables sur les lieux. C’est véritablement ce qui nous manque » a-t-il ajouté . En effet pour le géologue, une efficacité du forage sur le plan technique, suppose une application sans bavure des techniques en la matière. Or explique-t-il, de plus en plus de foreurs utilisent du sable ou du ciment blanc à la place de l’argile. Ceci à cause de la cherté du produit (argile industrielle).

 

Cela n’est pas efficace et c’est fortement déconseillé en tout cas si on veut de l’eau potable. Il est très important, d’utiliser de l’argile industrielle comme bouchon du forage. L’argile étant imperméable, ce bouchon permet à l’eau de garder toute sa potabilité et ne pas se mélanger à l’eau supérieure.

 

Au Mali, il existe une base de données nommée SIGMA à la DNH/Mali où toutes les propriétés des forages ainsi que des autres points d’eau du Mali sont sélectionnées et stockées. Selon Fatoumata Sabé, chef de la section gestion base de données et du système d’information du Mali, le développement de l’hydraulique a commencé avec la construction de points d’eau modernes vers les années 1970. D’après les dernières statistiques datées de décembre 2012, il a été recensé 32.009 points d’eau modernes.

 

Parmi ces points d’eau modernes, on dénombre 21.614 forages productifs et 10.395 puits modernes Dans certaines zones reculées du Mali, ce n’est pas chose aisée de réaliser des forages. «Souvent nous ne demandons qu’une petite contribution de la communauté pour creuser le puits. Par exemple si le montant total est de 12 millions de francs CFA, nous demandons 10% et même cela, certains villages n’arrivent pas à payer » se désole explique Modibo Diall, ingénieur géologue. A côté de cela, un véritable problème environnemental se pose.

 

« La troisième guerre mondiale sera la guerre de l’eau. Avec la rareté des pluies, les eaux souterraines risquent de s’épuiser aussi. La seule perspective pour le Mali c’est de protéger les cours d’eau comme le fleuve Niger, victime déjà d’ensablement et de construction dans le lit du fleuve » explique Modibo Diall.

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